jeudi 15 septembre 2011

Saute-moutons

Joindre le mouvement et contribuer à son dépassement


Les décisions prises récemment par le gouvernement portent en elles les germes d’une régression sociale hors du commun, mais aussi d’un grand mouvement social. Des actions décisives pour l’avenir de l’éducation au Québec seront bientôt menées, qu’on décide de s’en mêler ou pas. Mais si on laisse le champ libre aux politicien-nes et aux gestionnaires qui administrent nos institutions, alors la régression l’emportera : leur hausse des frais de scolarité ne vise qu’à réserver les diplômes aux mieux nanti-es ou à celles et ceux qui pourront supporter un fardeau d’endettement immense à l’avenir.

« Ça coûte déjà ce prix-là dans toutes les autres provinces », qu’on nous dit, et il faudrait prendre ça comme une justification ? La vraie question, ce n’est pas combien ça coûte pour étudier en Amérique du nord, mais plutôt à quoi le Québec ressemblerait, aujourd’hui, si, comme nous le proposent maintenant les gens au pouvoir, on s’était toujours alignés sur la tendance dominante. Visiblement incapables de poser un tel questionnement, ou ayant peut-être peur de la réponse, ceux et celles qui se sont hissé-es au sommet de notre société sont aujourd’hui prêt-es à sabrer nos acquis sans aucun scrupule, bien que s’étant appuyé pour réussir sur ceux-ci. Sans l’égalité des chances, qui ne saurait être séparée de l’accessibilité universelle à l’éducation, il ne reste que la loi du plus fort. C’est à cette barbarie que les décideurs-es s’apprêtent à livrer notre société. Il va falloir qu’on fasse tourner le vent : on sait que c’est possible mais, pour ça, on a besoin de tout le monde.

Il n’est pas toujours aisé d’agir pour défendre nos principes, isolé-es que nous sommes dans la foule passive et engourdie. Ceux et celles qui autour de nous s’affichent comme des profesionnel-les de la contestation viennent avec une gang pas toujours invitante. Si l’on s’y met sérieusement, il suffit de trouver deux ou trois personnes partageant avec nous de réelles affinités pour pouvoir faire ses premiers pas dans l’arène. C’est ainsi qu’il apparaît que nous sommes plus forts que nous le pensions et que les gangs qu’on voyait comme puissantes ne sont finalement pas grand chose. Un mouvement doit se créer par la somme des implications individuelles et non par un groupuscule d’individus qui se posent en leaders. Tout reste à faire, et c’est par notre implication personnelle qu’on y arrivera. La diversité et la qualité de celle-ci renforcera d’autant la richesse et le dynamisme du mouvement.

Une fois sorti-e de l’isolement, il faut savoir se joindre au mouvement émergeant et y participer le plus activement possible. On croit souvent que l’action politique est inutile. Il nous semble par exemple naturel d’avoir une semaine de 40 heures, un salaire minimum et le droit de vote. Il faut se rappeler qu’avant nous, des gens ont décidé de se donner les moyens nécessaires afin d’avoir une qualité de vie décente et de faire reconnaître nos droits légitimes. À l’instar de ces luttes, les grandes grèves étudiantes sont à la base de gains, comme la création du régime de prêts et bourses et le maintien des frais de scolarité les plus bas au pays. La grève générale illimitée est le seul moyen de faire plier le gouvernement qui ait fait ses preuves historiquement au Québec.

Cette riche histoire du mouvement étudiant s’est écrite dans les assemblées générales, lesquelles garantissent un véritable espace démocratique à occuper pendant les mouvements de grève. Après avoir été élu, le gouvernement impose ses vues et décisions à l’ensemble de la population pendant quatre ans. A contrario, les assemblées générales sont basées sur la démocratie directe, la souveraineté de la base et la révocabilité des élu-es. Elles peuvent avoir lieu régulièrement, ne pas être sous la coupe de chefs et permettre de débattre et de prendre collectivement des décisions adaptées au contexte. N’allez pas croire pour autant qu’elles soient paradisiaques. Elles demeurent un champ de bataille où s’opposent les diverses tendances et il n’est pas rare d’y observer des dynamiques de pouvoir des plus insidieuses ou des actes irrespectueux. Les personnes qui s’y préparent avec soin, il est vrai, dominent le terrain et c’est donc à plus forte raison que l’investissement des assemblées générales par tous les étudiant-es insatisfait-es est la première condition d’un changement réel.

Vu l’état actuel de la vie politique dans les instances associatives, occuper un poste fixe dans un exécutif est loin d’être la stratégie la plus efficace pour défendre et améliorer la qualité et l’accessibilité à l’éducation. Il importe d’éviter de se faire bouffer par la bureaucratie des associations étudiantes et des exécutifs. Il est préférable de s’investir dans les comités de mobilisation dont les structures sont plus souples. Ils nous permettent de garder une distance critique envers les décisions de l’exécutif et même de l’assemblée. S’impliquer signifie aussi être en lutte contre les représentant-es qui veulent parler à notre place du sommet de l’appareil. Il s’agit donc de produire notre propre discours axé sur nos priorités plutôt que de choisir entre tel ou tel slogan fade que nous offrent les partis politiques et les militant-es vedettes. C’est à partir de là, qu’avec des allié-es et un espace de discussion et d’organisation, des actions cohérentes deviennent possibles.

Nous ne sommes pas tenu-es de nous conformer au rôle de bébés gâtés incapables et paresseux que les médias se tuent à vendre à nos dépends. Nous pouvons choisir d’être la promesse de jours meilleurs pour cette société malade et de refuser de la voir dégénérer toujours davantage. Mais la récupération nous guette. Les leaders étudiants ont des plans, souvent foireux. Du mouvement actuel doit naître quelque chose qui soit notre grève à toutes et à tous, et non pas une simple reproduction de la moutonnerie spectaculaire que l’imaginaire commun voudrait faire passer pour le mouvement étudiant. Les forces étudiantes critiques appartiennent à quiconque a conscience que la lutte pour l’éducation gratuite n’est qu’un moment de la lutte totale contre la société capitaliste.


**************************************************************
Saute-moutons*



*The title of "Saute-mouton" (French name for the game of leapfrog) was chosen because we are inviting all students to come together and move forward in earnest. To not just blindly follow what is said (as a sheep -mouton- would do), but to play an active role in general assemblies and the public space. Instead of jumping to preconceived conclusions, you can leap above them and spring forward new ideas.
Decisions taken recently by the government not only bear the seeds of an extraordinary social regression but also of the beginnings of a large social movement. Whether we decide to be a part of this movement or not, decisive actions for the future of education in Quebec will soon be undertaken. If we do leave the field open to the politicians and the managers that administer our institutions, regression will prevail: their increase of tuition fees is only intended to keep diplomas for the affluent class or for those who will be able to bear an immense financial burden in their future.

"That’s what it costs in all the other provinces" we are told. Are we expected to take that as a justification? The real question is not how much it costs to study in North America, but rather what Quebec would look like today if, as the people in power are now proposing, we had always aligned ourselves with the dominant trend. Obviously unable to ask such a question, or perhaps scared of the answer, those who climbed to the top of our society are now ready to slash our gains unscrupulously, despite their reliance on those gains for their own personal success. Without equal opportunities, which cannot be separated from universal access to education, there is nothing left but a battle for the survival of the fittest. However, it is towards this inequity that decision makers are preparing to lead our society. We need to turn the tide: we know it’s possible, but to succeed we need everybody.

It’s not always easy to act out in defense of our own principles, isolated as we may be amongst the passive and numb masses. Those around us who present themselves as protest professionals often come with an unattractive gang. If we proceed seriously, it would require only two or three people sharing real affinities to take the first step onto the battlefield. It is through this action that we come to realize that we are stronger than we thought and the gangs we saw as powerful are not so in the end. A movement must create itself with the sum of all individual participants, not be created by a small group of individuals masquerading as leaders. Everything remains to be done and it is by our own personal involvement that we will make a difference. Diversity and quality of individual involvement strengthen the richness and vitality of the movement.

After we have broken free from our isolation, we must learn to join the emerging movement and take part in it as actively as possible. We often believe that political action is futile. It seems natural to have a 40-hour workweek, a minimum wage and the right to vote. We must remember that before us, people decided to give themselves the necessary means to have a decent quality of life and to obtain the acknowledgment of our legitimate rights. Similarly to these struggles, the large student strikes were the means by which we obtained the loans and bursaries program and the reason we continue to maintain the lowest level of tuition fees in the country. In Quebec, general strikes are the only historically proven way to sway the government.

This rich history of the student movement has been written in general meetings. These meetings guarantee an actual democratic space for us to occupy during strike movements. After having been elected, the government imposes its views and decisions on the whole population for four years. In contrast, general meetings are based on direct democracy, sovereignty of the base and the revocability of officials. Meetings can be held regularly, not be under the control of leaders and allow debate and collective decision-making adapted to the context. However, they too have their faults. They remain a battlefield where different trends oppose with each other and it is not uncommon to observe insidious dynamics of power and disrespectful actions. Those that arrive well prepared are the ones that take charge. This makes the investment in general meetings by all unsatisfied students the first step towards a real change.

In regards to the current state of political life in executive positions, becoming a student representative is far from being the most effective strategy in defending and improving the quality and the accessibility of education. It is important to avoid being overshadowed by the bureaucracy of student unions and executives. It is better to get involved in mobilization committees whose structures are more flexible. They give us the opportunity to keep a critical distance from the decisions of the executive and even of the general meeting. Getting involved also means rising above the representatives that want to speak for us from atop their podium. It is also about developing our own discourse oriented towards our priorities instead of choosing between the bland slogans on offer by the political parties and star activists.

We don’t have to conform to the role of lazy spoiled babies that the media is falling over themselves to propagate at our expense. We can choose to be the promise of better days for this ailing society and refuse to watch it degenerate any further. Nevertheless, hijacking is possible. Student leaders have their own plans, often half-assed. From the current movement must be born something that will be a strike for each and for all, and not simply a replica of the spectacular subservience that the imaginary collective would like to pass off as the student movement. The critical students forces belong to whomever is aware that the struggle for free education is only a brief moment in the grand struggle against capitalist society.

3 commentaires:

  1. GANG DE TROUS DE CUL

    RépondreSupprimer
  2. Hahahahaha Busted!!
    Serves you right you disrespectful, entitled little shits.

    RépondreSupprimer
  3. Si vous aviez des couilles vous n'auriez pas besoin de vous cacher et de faire vos représailles camouflés et masqués.

    C'est facile de faire du bruit pour rien...mais aller parler comme des hommes et des vraies femmes avec des propos cohérents ça semble trop difficile pour vous.

    La crédibilité ça se gagne et vous êtes en train de la perdre avant même de l'avoir gagné.

    RépondreSupprimer