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Tract distribué lors de la manifestation du 10 novembre 2011, organisée conjointement par l'ASSÉ, la FECQ-FEUQ et la TACEQ.
Bienvenu-es dans le nouveau mouvement étudiant uni, celui qui rassemble toutes les tendances vers un seul et unique objectif. Dans cette ambiance de rêve, où toutes et tous se tendent la main dans l’allégresse, les voix discordantes se font rares. Il y a toute de même la Fédération Étudiante Universitaire du Québec (FEUQ) qui a refusé de signer une entente avec les autres exécutifs d’associations étudiantes nationales et d’écrire un communiqué de presse commun.
Or, si la FEUQ agit ainsi, ce n’est que pour protéger sa position d’interlocuteur privilégié du gouvernement. Dans les bureaux confortables de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM), ses dirigeants s’affairent déjà à orchestrer, sans le moindre mandat d’une assemblée générale, l’issue de la lutte actuelle en peaufinant des propositions de compromis qui feront reculer gravement la condition étudiante. Un document interne de la FAÉCUM, datant de décembre 2010 et signé par la totalité de l’exécutif, propose une pudique « contribution des diplômé-es universitaires » sous laquelle se cache l’impôt post-universitaire (IPU). Celui-ci, destiné à faire porter le fardeau du financement de l’éducation aux étudiantes et aux étudiants, est présenté depuis la fondation de la FEUQ comme une alternative au financement public de l’éducation postsecondaire. Pourtant, derrière cette mesure ne se cache rien d’autre qu’une hausse drastique des frais de scolarité, camouflée sous le couvert d’une importante augmentation de l’endettement qui atteint pourtant déjà des niveaux intolérables.
Que l’IPU s’applique tout au long de la vie active de l’ex-universitaire ou seulement pendant vingt ans, qu’il soit composé de trois ou six paliers, il ne permet pas d’assurer l’accessibilité à l’éducation ni un meilleurfinancement de celle-ci. Cette mesure, illustration du désengagement de l’État dans le domaine de l’éducation, aurait, au contraire, un impact négatif sur la situation des femmes, désavantagées par le fait qu’elles gagnent moins que leurs collègues masculins à diplôme égal, ainsi que sur les personnes à faible revenu qui ne peuvent tout simplement pas s’endetter davantage. Bref, l’IPU se réaliserait en conformité avec toutes ces solutions néolibérales qui consistent à faire porter sur le dos des individus le coût des mesures sociales qui profitent à la société dans son ensemble.
Quant à elle, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) joue à l’autruche et ne veut pas réaliser que la FEUQ a son propre plan concernant l’issue de la grève générale de cet hiver. Elle se targue d’être en train de construire une coalition étudiante démocratique, féministe et combative, mais ferme les yeux sur les pratiques de ses alliées. Peu à peu, ce sont les pratiques mêmes de l’ASSÉ qui deviennent le miroir de celles de la FEUQ. Accepter de s’allier avec celle-ci, c’est accepter une négociation en haut lieu dans le dos des étudiantes et étudiants membres de la fédération qui ne sont pratiquement jamais consulté-es.
Car la FEUQ garde en poche la carte de l’IPU et la ressort régulièrement, depuis l’annonce du dégel de 1990 jusqu’à celui de 2007. C’est bien là-dessus que la FAÉCUM planche, elle qui compte pour 30% des rangs de la FEUQ et qui y exerce une influence prépondérante. Il s’agit d’un secret bien gardé, et pour cause : la plupart des quelques 200 000 étudiants-es qu’on dit en grève aujourd’hui les enverraient promener si elles et ils savaient ce qui se trame derrière le discours voulant réunir d’un coup de baguette magique les pôles d’un désaccord politique fondamental. Les appels à l’unité étouffent trop souvent les critiques légitimes et cela risque d’être désastreux cet hiver puisque le gouvernement, après trente ans de tentatives infructueuses, mettra tout en oeuvre, y compris ses contacts au sein des élites syndicales du mouvement étudiant, pour enfin augmenter les frais de scolarité de plusieurs milliers de dollars.
Il fut un temps où critiquer les fédérations étudiantes, ces organisations bureaucratiques à l’image des grands syndicats québécois, était chose commune au sein du mouvement étudiant de gauche. C’est en marquant sa différence par rapport aux fédérations que celui-ci pouvait défendre au mieux les intérêts des étudiants-es. Pour éviter la récupération, une organisation combative se met en opposition non seulement avec l’État, mais également avec les organisations sur lesquels ce dernier s’appuie pour négocier notre appauvrissement tout en bloquant la force réelle que le mouvement peut avoir. Rappelons-nous la grève de 2005 où les fédérations étudiantes ont négocié à huis-clos avec le gouvernement alors qu’elles n’avaient pas l’appui de la majorité des associations en grève pour ensuite envoyer leurs leaders dans les assemblées générales afin d’appeler à mettre fin à la grève. La question est de savoir si l’ASSÉ peut mobiliser massivement les étudiants-es sur des revendications ambitieuses et aller jusqu’au bout afin d’obtenir satisfaction — c’est-à-dire réussir ce qu’elle a échoué en 2005 et camouflé sous le vocable douteux de repli stratégique — ou encore si elle est seulement capable de les faire surfer sur un mouvement qui se terminera inéluctablement par une trahison.
Ce questionnement peut choquer mais un travail critique sur l’idée d’une collaboration à tout prix entre organisations nationales demeure nécessaire. Les conflits historiques du mouvement étudiant doivent être débattus en assemblée générale et dans nos comités de mobilisations :en maîtrisant ses tenants et aboutissants, nous éviterons les erreurs du passé lorsque nous aurons à prendre d’importantes décisions sur l’orientation de la lutte. Nous ne sommes pas dupes... L’union du mouvement étudiant a un prix : celui de ne pouvoir dénoncer les décisions négociées avec les gouvernements, décisions imposées trop souvent du haut vers le bas à l’ensemble des étudiantes et étudiants. Force étudiante critique appelle à une grève générale déterminée et vigoureuse demeurant vigilante face au risque de récupération réel. Cette grève, comme toutes les autres, doit être composée d’individus qui ne se laisseront pas manipuler par les petits chefs étudiants en quête de capital politique, de gauche comme de droite.
Pancartes de Force étudiante critique portées durant la
manifestation.
Pancartes de Force étudiante critique portées durant la
manifestation.
Ce n'est pas parce que tu demandes l’impôt post-universitaire que tu dois abandonner l'idée du gel des frais de scolarité. C'est plutôt de déplacer d'une façon un peu plus équitable le paiement des études universitaires APRÈS celles-ci...soit quand l'étudiant a normalement un peu plus les moyens de le faire.
RépondreSupprimerDe plus, un IPU peut assurer un bon financement de l'éducation si celui-ci se retrouve à l'intérieur d'une loi-cadre (avec une CÉUQ par exemple). De cette façon, il n'y a pas de désengagement de l'État et une accessibilité au étude similaire à ce que l'on retrouve présentement (j'avoue que des améliorations doivent être apporter mais du moins les étudiants n'ont pas à ce soucier du paiement de leur frais de scolarité PENDANT leur parcours universitaire). On ne parle pas d'un endettement supplémentaire, mais bien d'une contribution moindre fonctionnant selon le modèle d'imposition que nous connaissons bien au Québec. Bien entendu, je suis d'accord avec vous, le financement de l'Éducation ne revient pas uniquement aux étudiants mais à la société dans son ensemble (surtout les entreprises).
RépondreSupprimerYeah ! Enfin des gens qui se lèvent et disent tout haut ce que personne pense tout bas ! Merci d'aider à dissoudre encore plus le mouvement étudiant, grace à vous, le gouvernement aura encore plus de facilité à triompher. À bas la démocratie, soyons chacuns maîtres de nos vies, sans état et sans patrie.
RépondreSupprimerEn fait, le gouvernement a beaucoup plus de facilité à triompher lorsque des organisations étudiantes lui proposent elles-mêmes des alternatives de droite sans daigner obtenir de mandat des assemblées générales.
RépondreSupprimerC'est donc à vous que l'on doit la magnifique banderole noire "FECQ-FEUQ, 22 ans de trahison" qui ornait le viaduc au début de la manif ?
RépondreSupprimerJe n'ai qu'une chose à dire : Si je m'appelle Jean Charest ou Line Beauchamp, tout ce que je souhaite c'est que les associations étudiantes se divisent, pour que leur rapport de force soit moindre. 2005 je me souviens ?
Certes, la position actuelle de la FEUQ, ses méthodes, appellent la critique. Mais on ne peut pas penser gagner ce bras de fer avec le gouvernement si on ne parvient pas à s'entendre avec eux à travers un dialogue constructif.
Oui, on se bat pour défendre des valeurs. Mais la politique sera toujours affaire de rapport de force.
la banderole pour moi est une action de m araudage domage car la solidarite est une force chaque fois que j ai vue du maraudage il y a eu un perdant et perdant toujour contre les membres copinage gagant presque tout cou ce qui explique de plus en plus la dispariter du rapport de force entre les gouvernement et nous donc ne vous diviser pas et de grace sorter de vos rang les vires capo soyer bien entourer.
SupprimerSi tu t'appelles Jean Charest ou Line Beauchamp, tu espères en criss d'avoir une association comme la FEUQ pour négocier sans mandat des grévistes un truc comme l'IPU, le RPR ou what ever. Y a pas de rapport de force possible quand tu risques de te faire crosser à tout moment par tes pseudo alliés. C'est quoi ce comportement autodestructeur? Vous voulez vous punir de quoi au juste?
RépondreSupprimer2005 je me souviens ?
RépondreSupprimerOuais, j'me souviens des câlisses de la FECQ-FEUQ qui négocient moins que le statu quo en huis clos avec le gouvernement et contribuent à tuer le mouvement de grève.
Etienne S, présentement, je considère une hausse de 1625$ pire qu'une loi-cadre sur les frais de scolarité, FIOs, AFE avec un IPU.
RépondreSupprimerLa bannière n'était pas de mise. C'est correct d'avoir une certaine mémoire de ce qui s'est passé dans le mouvement étudiant et d'avoir des discussions afin d'éviter que certains événements que plusieurs jugent malheureux ne se reproduisent...par contre...déployer ce genre de banderole dans une manifestation étudiante regroupant des milliers d'étudiants de partout au Québec (dont plusieurs sont à leur première expérience de manifestation)...c'est vraiment stupide. Je ne sais pas qu'elle haut grand stratège politique à eu cette idée...mais il doit clairement passer à autre chose et se concentrer un peu plus sur les objectifs de la campagne: faire reculer le gouvernement sur la hausse de 1625$.
Bonne initiative. Ça porte à réflexion, si l'on se pose de bonnes questions, et si l'on ne réduit pas notre compréhension aux piètres opinions de certains intervenants qui défendent l'unité à tout crin. Perso, malgré le temps maussade, je me suis régalé à la pensée qu'il n'y avait pas 30 000 tourtes...
RépondreSupprimerHeureux bonhomme de chemin!
http://atheles.org/agone/contrefeux/uneviolenceeminemmentcontemporaine/
RépondreSupprimerJ'espère que vous allez tous vous faire ramasser gang de crétins.
RépondreSupprimerMerci.
RépondreSupprimerMerci de discréditer encore plus mouvement étudiant avec des positions aussi radicales.
Je vous souhaite du succès. Je souhaite que les associations supportent vos idées, permettant ainsi de porter le coup de gràce à cette ridicule grève quand 90% de l'opinion publique lui sera opposée.
Aussi, merci de justifier, par votre existance mème, mon mépris envers cette grève.